Coplateau : A day in a life et J’ai une langue dans ma bouche

A day in a life
création / coproduction Théâtre du Grand Rond
Une matinée comme toutes les autres. La radio est allumée mais ça pourrait être un téléphone. Les notifications de réseaux sociaux ou autres actualités rythment l’espace... et le monde extérieur déferle dans cet intérieur encore endormi. Le monde extérieur ne nous laisse pas le choix. Il s’immisce partout, dans chaque interstice, chaque espace vide de la conscience. A day in a life ausculte cette confrontation quotidienne…

On a beau s’affairer à faire des crêpes ou un café, tenter l’espace d’un moment de simplement profiter du sucre chaud sur la langue. Rien à faire. Le monde extérieur toque aux paupières de l’esprit. Et le monde extérieur ne va pas bien. A day in a life nous raconte ce combat ordinaire que nous sommes nombreuses à livrer, celui de conserver, malgré tout, un petit espace d’innocence, d’enfance et d’insouciance malgré la catastrophe qui arrive. A day in a life réussit le tour de force de rendre ce combat ordinaire aussi ludique et espiègle qu’un jeu d’enfant qui a grandi trop vite...

Une première étape de travail a été vue lors du festival TAPAGES. Et on peut maintenant vous le dire : quasiment sans parole, à la croisée exacte du théâtre et de la danse, ce spectacle est un petit bijou longuement poli par une artiste que nous vous recommandons très chaleureusement…

J’ai une langue dans ma bouche
C'est un moment de poésie live, d'écriture d'actrices. C'est conçu comme une performance et organisé comme un concert. Deux personnes sont là, elles parlent. Elles sont autrices et interprètes de textes qui s'inventent au moment-même. Entre les bouches, les phrases et nos mondes intérieurs, ça joue. Ça grince, ça vit. Ça invente une littérature fragile, imparfaite, des origines d'avant les pages corrigées et imprimées.

A travers nous reviennent des mémoires d’ancêtres puis des mémoires d'histoires, l'incroyable richesse de ce qui a été lu, entendu, raconté avant nous. Les textes se succèdent comme autant d'enquêtes intimes, chacun étant conçu comme une pièce musicale, avec son souffle propre. Dans le désordre : un monologue-fleuve sur un imaginaire campagnard, avec bêtes de labours, couverts alignés, rivières et pendus. Une élégie construite en ritournelles : de l'amour pour quelques défunts. Un échange à la nostalgie malicieuse, où reviennent fêtes, rituels populaires et irrévérences. Un long cri muet : un chant. Une marche éternelle et sans forces : juste un dernier mot. Et encore.